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 Le chien et le jeu - Les régles du jeu Séverine Belkhir Ethologiste au refuge AVA

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bailysse
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MessageSujet: Le chien et le jeu - Les régles du jeu Séverine Belkhir Ethologiste au refuge AVA   Le chien et le jeu - Les régles du jeu Séverine Belkhir Ethologiste au refuge AVA EmptyMer 22 Fév - 16:06

Le chien et le jeu

Les règles du jeu
Par Séverine Belkhir
Ethologiste au refuge AVA


On n’apprend rarement à un chien ou à un chat à jouer ! Tout simplement parce que ce comportement est naturel dans leur espèce. Il est même au cœur de nombreux apprentissages…
Chez les animaux, il n’existe pas de comportements qui ne servent à rien. Tout comme la chasse permet au prédateur de se nourrir et donc de survivre, la toilette d’entretenir sa fourrure en la débarrassant de ses parasites (et donc de se mettre à l’abri des maladies qui y sont liées), le jeu tient une place importante dans le développement des jeunes animaux, sauvages ou domestiques. En se déplaçant, courant, tournant, le jeune chiot par exemple renforce ses muscles et son squelette alors en plein développement. En mordillant, reniflant, grattant, il aiguise aussi ses sens. Les spécialistes parlent de développement « sensorimoteur » pour qualifier cette période importante dans la vie du tout jeune animal.
Alors qu’ils sont bien maladroits dans leurs mouvements et aveugles à la naissance, les chatons à partir de la septième semaine sont capables de mouvements de plus en plus précis, de produire des mouvements plus fins en fonction de ce qu’ils voient. Les apports du jeu sont tellement importants dans les premières semaines de développement d’un chiot ou d’un chaton que les scientifiques observent des changements dans la plupart des régions du cerveau qu’elles soient impliquées dans l’équilibre et les actions motrices complexes ou dans le traitement des informations sensorielles, motrices et émotionnelles.
De plus, à l’instar de nos jeunes enfants qui apprennent en jouant, les jeunes chiots et chatons emmagasinent une multitude d’informations qui leur seront nécessaires dans leur vie d’adulte au contact de leurs congénères ou des individus qui partagent leur existence (une autre espèce ou les membres d’un même foyer). Avec sa mère, le chaton expérimente ainsi les limites qu’il ne doit pas franchir pour ne pas déclencher de réaction d’agressivité ou de violence. Attentive, tolérante, la mère chatte impose en effet toujours des limites à ses petits dans leurs « ébats ». Elle n’autorise jamais de débordement dans les morsures ou les griffades. Souvent, les cas d’agression d’un chat adulte envers un humain trouvent leur cause dans un sevrage trop précoce et donc l’absence de l’apprentissage des « codes » propres à son espèce. Chez le jeune chien, le contact régulier avec des adultes, notamment à travers le jeu, est tout aussi important puisqu’il est le garant du bon apprentissage du respect des règles, notamment du contrôle de l’agressivité.
Si le proverbe humain affirme « Jeux de mains, jeux de vilains », il est rarement vérifié chez les animaux. En effet, si on observe fréquemment des chatons ou des chiots se mordre, se bousculer, se grimper dessus, et même chez des adultes, principalement chez le chien, il est rare que ces « échanges » déclenchent une bagarre. Tout simplement parce que les chiens, lorsqu’ils jouent avec un congénère, ont émis au préalable et durant la phase de jeu, des signaux qui avertissent que « c’est pour jouer ». Des postures ou des vocalisations spécifiques appellent l’autre individu à jouer et le maintiennent dans l’atmosphère de jeu. C’est pourquoi, lorsqu’ils jouent, alors même qu’ils peuvent se mordre, les chiens ne s’agressent jamais réellement car les signaux émis par les partenaires avant et pendant le jeu sont parfaitement identifiés. La posture est caractéristique chez le chien qui semble « saluer » son partenaire». Les deux pattes avant abaissées, la tête près du sol, il semble « inviter» l’autre congénère à jouer. Certains chiens utilisent l’aboiement pour appeler au jeu. Ce comportement caractéristique est produit au départ par un état d’excitation. Il est ensuite incorporé à la séquence de jeu, lorsque le chien reçoit des réponses positives répétées de la part de son partenaire. Les chiens peuvent également produire des grognements quand ils jouent. Ces grognements de jeu ne ressemblent en rien aux grognements qu’un chien peut émettre pour protéger sa nourriture ou menacer lorsqu’on s’approche par exemple trop près d’une mère qui veut protéger ses petits. Les grognements de jeu sont totalement pacifiques et compris en tant que tels par les congénères pour peu que ces derniers aient pu profiter, dans les premières semaines de leur existence, des enseignements de leurs congénères.
Les chercheurs ont également remarqué que les animaux peuvent échanger les rôles alors qu’ils sont en plein jeu. Un peu comme nos enfants qui jouent au gendarme et au voleur sont tour à tour le représentant de l’ordre ou le délinquant, ce n’est pas toujours le même animal qui monte sur l’autre, mord, bouscule et poursuit. Si ils ont longtemps pensé que l’alternance des rôles suivait la règle du 50/50 (chacun sont tour), une étude américaine récente, chez les chiens, révèle qu’il n’en est rien et que ce partage équitable ne s’applique pas à tous les comportements. Parfois, toujours pour conserver l’atmosphère de jeu, les animaux peuvent adopter ce que les spécialistes appellent des comportements « auto-handicapants » qui consistent à se rendre vulnérable de manière spontanée. Par exemple, un chien se couche sur le flanc alors que le second lui donne des coups de patte ou de museau tout en lui tournant autour. Ces comportements, adoptés par un chien avant le jeu, seraient aussi une manière de signifier à l’autre qu’il a envie de jouer. Un appel du pied en quelque sorte parfaitement identifiable pour son congénère. Chez le chat adulte, le jeu social a été beaucoup moins étudié, tout simplement parce qu’il est plus rare que chez le chien. Le chat, qui est une espèce solitaire, est en effet moins tolérant aux contacts sociaux que le chien qui est une espèce sociale. Toutefois, il existe des degrés plus ou moins élevés de cette intolérance aux échanges sociaux selon le vécu des chats, leurs expériences lorsqu’ils étaient chatons, leur race, la disponibilité des ressources alimentaires… Mais même si un chat accepte volontiers la présence d’un congénère, cela ne lui délivre pas pour autant l’autorisation de lui sauter dessus… même pour jouer !
Jouer avec un humain, jouer avec un congénère, quelles différences pour le chien ?
Le chien domestique est une des rares espèces animales capables de jouer avec l’homme. Pour autant, sa manière de jouer avec nous est sensiblement différente de celle qu’il pratique avec un individu de son espèce. Des scientifiques qui se sont intéressés à ce qu’ils nomment le jeu « interspécifique » (entre deux espèces) ont par exemple observé que lorsque le chien joue avec un homme, il lâche plus souvent le jouet et l’offre aussi plus souvent que lorsqu’il joue avec un congénère. Les chiens seraient donc spontanément moins compétiteurs et plus interactifs avec l’humain. Pourtant, nous entendons souvent que les jeux compétitifs, qui intègrent un rapport de force entre le chien et l’homme (tirer sur une corde par exemple) ne sont pas recommandés parce qu’ils risquent de perturber la « hiérarchie » puisque si le chien gagne, il ôterait par la même occasion à l’humain (son maître souvent) sa position de leader, de dominant. Mais il ne faut pas confondre « contrôle » de la session de jeu et « hiérarchie ».
Jouer ne veut pas dire tout accepter, chaque moment de jeu pouvant induire une excitation chez le chien, il est important de ne pas laisser la place aux débordements. Si le chien est trop brusque et peut blesser, il ne faut pas récompenser ce comportement en continuant à jouer. Tout comme un chien n’acceptera pas qu’un congénère aille « trop loin », il nous faut dire « stop » parfois et ramener le calme. En réalité, les différentes postures et vocalisations produites lors du jeu, signalent qu’aucune action ne devra être considérée comme nuisible, ce qui limite considérablement tous débordements.
Néanmoins, ceci n’a rien à voir avec la « hiérarchie ». L’inversion des rôles de certains comportements à été largement observés dans le règne animal. Un individu dominant sera tout aussi capable qu’un individu subordonné d’exprimer des comportements dits « auto-handicapants ». A contrario, un individu subordonné peut refuser qu’un individu dominant soit trop brusque dans le jeu. Tout cela peut intervenir sans pour autant que les relations sociales ne soient affectées. Enfin, le concept de hiérarchie n’est pas utile pour expliquer les relations homme-chien. La hiérarchie ne s’établit qu’entre deux individus d’une même espèce et n’explique en rien l’obéissance de votre chien. Ne pas vouloir descendre du canapé par exemple, n’est pas un acte de dominant mais plutôt le résultat d’un manque d’apprentissage.

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