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 Il est dominant, qu’est-ce que ça veut dire ? Par Séverine Belkhir Ethologiste au Refuge AVA

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bailysse
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Messages : 464
Date d'inscription : 13/03/2011

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MessageSujet: Il est dominant, qu’est-ce que ça veut dire ? Par Séverine Belkhir Ethologiste au Refuge AVA   Il est dominant, qu’est-ce que ça veut dire ? Par Séverine Belkhir Ethologiste au Refuge AVA EmptyMer 22 Fév - 15:56

Il est dominant, qu’est-ce que ça veut dire ?
Par Séverine Belkhir
Ethologiste au Refuge AVA.

Il n’est pas rare d’entendre que « Rex est dominant avec ses congénères et même avec l’humain auquel il n’est pas totalement soumit ». Mais cette description du comportement social du chien a t’elle réellement un sens ? Est-il pertinent d’utiliser le terme «dominant» pour décrire les comportements agressifs d’un chien ? N’est-il pas possible d’expliquer ces comportements différemment et de manière plus juste ? Quand est-il chez le chat ? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre ici.

Qu’entend-on réellement par hiérarchie ?
Le terme hiérarchie est souvent utilisé pour décrire l’organisation de toute forme de groupement, or cette utilisation ne se justifie que dans certains cas.
Si la plupart des espèces sociales présentent ce que l’on appel une «organisation sociale», leur permettant de répondre de manière efficace aux pressions de l’environnement (prédation, recherche de nourriture ou d’abris, reproduction,…), celle-ci peut être de différente forme. La hiérarchie de dominance en est une, mais n’est pas applicable à tous les groupes et n’a de sens que dans des groupements d’individus de la même espèce. Dans ce type d’organisation, un individu ou un couple dominant a un accès prioritaire aux ressources (alimentaires, reproduction), on parle d’individu « alpha » pour décrire LE dominant du groupe. Tous les autres individus du groupe lui sont soumis, subordonnés. On utilise communément des lettres grecques pour décrire le rang de chaque individu. Le rang hiérarchique va donc decrescendo entre l’alpha et l’oméga (le dernier rang hiérarchique pour les ou l’individu(s) subordonné(s) à tout le reste du groupe). La hiérarchie de dominance est donc linéaire.
Il est peu probable que les animaux connaissent leur rang hiérarchique, mais ils y ont appris que dans ce groupe ils auront ou non le dessus lors d’un conflit sur tel ou tel individus. On parle alors d’interactions dyadiques (une dyade étant un binôme). La hiérarchie de dominance est donc inférée par l’humain mais cette façon de décrire l’organisation d’un groupe n’a pas de sens pour l’animal du fait qu’il évalue en fonction du partenaire et non de l’ensemble du groupe. Ce sont principalement les travaux des primatologues qui ont permis de définir les interactions sociales, d’en inférer la nature des relations puis une organisation.
Ce mode de description des comportements sociaux au sein d’un groupe a ensuite été utilisé pour tous les autres mammifères sociaux y compris les canidés, qu’ils soient sauvages ou domestiques.
Mais tous les groupes sociaux ne s’organisent pas ainsi, c’est pourquoi les scientifiques s’attachent d’abord à observer toutes les interactions au sein d’un groupe avant de définir le type de relations qui s’établit entre chaque dyade possible du groupe. Les relations peuvent être amicales, menant à un rapprochement des individus, elles sont importantes dans la cohésion du groupe (ex : le jeu, l’épouillage,...). Elles peuvent également être agonistiques, c'est-à-dire soit de nature agressives, soit une relation de dominance-subordination. Ainsi, il existe différentes natures de relations sociales dans un groupe. La relation de dominance subordination n’est qu’une possibilité, mais n’est pas au cœur de toutes les relations sociales.
Ainsi la nature de l’organisation dépendra de la nature des interactions entre tous les membres du groupe, de leur fréquence et du nombre de répétition. L’étude de l’issu des conflits permettra de définir le type de relation qui s’est établit entre chaque dyade possible. On qualifiera la relation soit de nature amicale soit de type dominance-subordination. C’est pourquoi un simple échange entre deux chiens dans la rue ne peut en aucun cas suffire à qualifier qui sera dominant sur l’autre. Une dyade doit être observée dans tous les contextes et pour tous types de ressources. C’est seulement lorsque les différentes relations sont établit au sein d’un groupe que l’on peut en inférer le type d’organisation.
Il se peut également qu’une relation de dominance subordination s’établisse entre deux individus sans pour autant que l’on observe de hiérarchie de dominance au sein du groupe.
Enfin, un animal peut être l’individu dominant, alpha, dans un groupe et ne pas l’être s’il est changé de groupe. En effet, le statut de dominant n’est en aucun cas un caractère héritable, il est le résultat de l’expérience, d’échanges répétés plus ou moins conflictuels avec d’autres membres du groupe. On ne naît pas dominant, cette notion est souvent confondu avec les traits de tempérament (voir encadré).
La famille humaine ne constitue pas une meute
Nous avons tendance à décrire les comportements sociaux du chien et son organisation sociale, comme ceux du loup. Or, il s’agit bien de 2 espèces distinctes, vivant dans des environnements très différents et subissant des pressions de sélection différentes. Rares sont les études décrivant l’organisation sociale chez le chien domestique vivant près de l’homme (chien de compagnie, d’utilité ou en collectivité canine). Choisir de définir la vie d’un chien dans une famille d’humain par une hiérarchie de dominance est une description tout à fait arbitraire, sans aucun fondement scientifique et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, même si le chien est une espèce sociale et que nous le sommes également, nous ne formons pas pour autant un groupe social avec nos chiens. En effet, le terme de groupe social ne s’applique qu’aux groupements d’individus de la même espèce. On parlera de groupement interspécifique lors d’une cohabitation de deux espèces.
De plus, contrairement à certaines croyances les chiens ne fonctionnent pas tous sur une hiérarchie de dominance, il en est de même pour le loup d’ailleurs. On a longtemps pensé qu’il s’agissait de l’organisation « universelle » chez les loups car les premières études se sont faites en milieu captifs. En captivité, la fréquence élevée de comportements agonistiques a mené à considérer que le loup s’organisait sur le modèle de hiérarchie de dominance. Or, les dernières études menées en milieu naturel montrent que la structure sociale des groupes de loups correspond à ce que l’on appel « une famille étendue », c'est-à-dire un couple reproducteur et leurs descendants. Tous les individus sont donc liés génétiquement et font le choix de rester ensemble. Ce qui n’est pas le cas des individus en milieu captif auxquels on impose les partenaires d’enclos. Étant peu probable pour un animal de défendre son territoire contre un partenaire qu’il a choisit, on observe beaucoup moins de comportements agonistiques en milieu naturel qu’en captivité. Ceci expliquerait les fréquences d’agression en captivité et donc remet en question l’universalité de la hiérarchie de dominance chez le loup.
Il est important de faire la différence entre les chiens errants ou commensaux et les chiens de compagnie, lorsque l’on considère l’organisation sociale de cette espèce. Tout comme chez le loup, l’écologie de ces deux types de population amène des contraintes de vie différentes. La première va devoir rechercher sa nourriture, trouver un abri et entrer en compétition pour se reproduire. Alors que pour les chiens de compagnie, nous fournissons nourriture, confort et nous contrôlons leur reproduction. Prenant en compte ces deux types d’environnement, les chercheurs ainsi que de nombreux vétérinaires comportementalistes et éducateurs canins, remettent aujourd’hui en question la description de l’organisation sociale des chiens de compagnie par une hiérarchie de dominance. Des chercheurs anglais ont récemment montré après avoir étudiés les interactions sociales dans un groupe de 19 chiens mâles en refuge, que l’on n’observait pas ce type d’organisation. Dans ce groupe aucun individu dominant sur le reste du groupe n’a été identifié, après plusieurs mois d’études. Les chiens étaient tour à tour « vainqueurs » ou « perdants » dans un conflit en fonction du partenaire et de la ressource. D’autres animaux avaient des relations dites amicales sans aucune relation de dominance-subordination. Enfin, pour d’autres dyades la relation n’était pas établie, pas « réglée ».
Expliquer la vie du chien dans nos familles par une relation de dominance-subordination, ne semble pas adapté à la réalité. Cette « théorie » n’est pas pertinente pour expliquer les comportements agressifs des chiens de compagnie. Un chien grognant envers un humain sur sa gamelle ou pour descendre du canapé n’est pas un chien qui est « mal hiérarchisé », mais plutôt le résultat d’un apprentissage.
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