Ca marche même sans la croquette !!

Bien souvent, les détracteurs des méthodes positives clament qu'on en est réduit à jouer à jamais les distributeurs de bouffe pour chien...

J'ai eu un post comme ça, sur une vidéo d'un chiot démarré au clicker à 5 semaines. Comme quoi c'était irrespectueux pour le chien, que c'était du cirque, que ça n'amenait à rien!

Alors j'ai fait une vidéo en réponse, sans échauffement pour les chiens, en rentrant du travail... donc des "conditions totalement optimales"

"La récompense n'est pas une fin en soi, essayons de voir plus loin"

https://www.youtube.com/watch?v=XNLFjjnH83k

Bonsoir, voici une réponse que j'ai donné à ce sujet sur un autre forum, dédié à la protection animale, à des personnes qui ne voyaient pas l'utilité de la friandise et défendaient l'utilité de la réprimande (ici dans un cas de chien qui pince et aboie sur les humains), parlant également de "cirque"

"Il ne s'agit pas de "faire du cirque". Saucisse, fromage ou autre (l'essentiel étant de faire très plaisir au chien), la friandise est là pour aider le chien a comprendre ce qu'on attend de lui en apportant un plaisir sûr, contrairement à la caresse (sauf en connaissant très bien les signaux d'apaisement, il est difficile d'être sûr que le chien apprécie la caresse qu'on lui produigue), puisque tous les chiens aiment manger, tandis que tous les chiens n'aiment pas toutes les caresses (et bien des maîtres caressent sans tenir compte de ce qu'en ressent le chien, ce qui est facilement vérifiable avec les signaux d'apaisement). La friandise est une valeur sûre contrairement au fait de se contenter d'être content du chien, qui nécessite pour le chien de bien comprendre le langage et la gestuelle humains, ce qui n'est pas le cas de tous les chiens.

La méthode positive ne se limite pas à distribuer des friandises à tour de bras sans rien comprendre. Bien sûr, si l'on ne s'intéresse pas un minimum à la communication du chien et à son fonctionnement psychique et social, on ne peut pas être efficace, ce qu'on fait n'a pas de sens. La friandise à elle seule ne veut rien dire, elle s'insère dans un tout complexe et basé sur des connaissances scientifiques récentes et reconnues.

Quand on connaît le fonctionnement du chien, y compris son système associatif, on ne peut pas continuer à réprimander le chien, surtout le chien qui agresse (aboiements, grognements, coups de gueule, morsures). Un chien qui agresse est nécessairement un chien qui se sent en insécurité. Le réprimander ne fera que le maintenir dans ce sentiment d'insécurité, et on ne peut penser qu'en réprimandant un chien qui mord, on pourra arriver à obtenir chez le chien un plein sentiment de bien-être et de confiance. Le fonctionnement psychique du chien fait que ça n'est pas possible.

La réprimande ne donne aucune assurance que le chien va réllement faire l'association désirée. Le nombre de morsures qui découlent d'une réprimande systématique des comportements agressifs est bien plus important (et c'est parfaitement logique compte tenu des connaissances actuelles que l'on a sur le système associatif du chien) que le nombre de chiens stressés et "agressifs" qui en étant réprimandés deviennent des chiens parfaitements zens et vivant dans une complicité totale et profonde avec leur maître ET amicaux et à l'aise avec le reste de l'entourage Y COMPRIS la personne qui se faisait mordre ou aboyer ou grogner dessus, ajoutée à un bien-être profond (toujours de LEUR point de vue et pas du notre).

Sachant cela, c'est donc un choix pour le maître du chien, et pour lui seul, de connaître et de respecter le fonctionnement du chien (et pas ce qu'on croit en connaître), et d'agir en c**séquence, de le respecter et d'adopter des comportements qui feront que le chien sera REELLEMENT bien avec nous (de son point de vue et pas du notre), ou de continuer à adopter des comportements qui donnent des résultats immédiats mais qui vont totalement à l'encontre du bien-être profond du chien et qui ne peuvent, à long terme, que donner lieu à des problèmes difficilement réversibles. Ce n'est pas une question de point de vue mais de résultats.



De mon point de vue, quand on a le choix entre utiliser une méthode qui certes prend du temps (ce qu'on peut être impatient !) mais aboutit à une relation harmonieuse, de confiance et de plaisir, dans le respect mutuel, et une méthode à résultat immédiat qui provoque FORCEMENT du stress chez le chien et empêche NECESSAIREMENT le bien-être profond du chien, et qui ne peut aboutir à une relation harmonieuse, de confiance et de plaisir, le choix est vite fait. Mais ça reste un choix. Personne n'est obligé de respecter son chien et de tout faire pour son bien-être. A ce moment, oui, c'est une question de point de vue."





Je rajoute une réponse de Corinne M faite à la suite de cette discussion :

Corinne M a écrit:

Petite anecdote éducative....
J'ai une fois vu arriver un monsieur avec un grand malinois muselé. N'appréciant pas en priorité l'éducation en muselière, je me suis approchée pour lui demander pourquoi son chien était muselé et ..... c'est le malinois qui m'a répondu en se jetant sur moi. Son maître l'a, bien sur, réprimandé fortement en m'expliquant que cela faisait un an qu'il l'avait et que c'était de pire en pire et pourtant, il avait suivi tous les conseils à la lettre et ne laissait rien passer à son chien.
Lorsque je lui ai parlé de " friandises", il m'a regardé avec des yeux qui en disaient long, mais, comme de toutes façons, rien n'avait marché jusqu'à présent......
Je lui ai donc demandé de mettre une muselière souple en nylon, qui laisserait passer un bout de saucisse, mais ne lui permettrait pas de me mordre. ( je suis un peu folle, mais n'ai pas envie de servir de chair à pâté) et de laisser faire le chien, laisse courte ( au cas où) mais détendu, sans mettre de pression ( juste pour intervenir si les assauts du chiens étaient trop forts) et quant à lui de ne rien dire, aucune réprimande aucune réaction..... je me suis donc approchée en émettant quelques signaux d'apaisement que le chien n'a même pas remarqué ( trop conditionné) et ai dit à son maître de continuer à me parler comme s'il ne se passait rien. Quant à moi, je ne regardais même pas le chien, qui lui essayait de me chopper le bras ( pour mordre ou simplement dissuader? aucune idée, mais pas envie de vérifier). Toujours est il que je suis revenu à la charge une dizaine de fois au cours de l'après midi et au fur et à mesure de mes approches les assauts diminuaient en force. Sur les derniers, j'ai donc rajouté à l'indifférence, la saucisse... A la fin de l'après midi, je pouvais me promener à côté du chien, sans aucune réaction, sinon celle de venir renifler mes poches.
A la séance suivante, nous avons reproduit le même schéma, jusqu'à obtenir un chien remuant ( presque) gaiement la queue en me voyant. De l'étrangère menaçante, j'étais devenue, distributrice de bien - être.
Nous en avons fait un chien capable de se promener en public ( muselé tout de même par sécurité) mais qui ne cherchait plus à agresser systématiquement, et avec une laisse détendue. Le seul danger restait les personnes qui en avaient peur. et qui donc ne le rassuraient pas suffisamment.
Je n'ai pas la sensation d'en avoir fait un chien de cirque.